Poésie en vers Le Baron de la Plume Agile : Artichaut Amer

Pour plaire à ma raison simplette
Et pénétrer dans vos recoins
J’aimerais parler votre baragouin
Laissez-moi votre porte ouverte

J’épouserai enfin cette mode
Exerçant mon galimatias
Faisant de ma langue un fatras
Au grand désespoir d’Hésiode

Je charmerai les moutonniers
Pour leur donner de l’importance
En masquant ma triste ignorance
Comme les gestuels grimaciers

Je crierai, c’est nous les meilleurs
Dites bien ce que nous faisons
Faites bien ce que nous disons
Ouvrez vos dons, ouvrez vos cœurs

Pourtant l’écrit à ses richesses
Quand les paresseux du savoir
Se morfondent dans un trou noir
Les érudits prônent l’allégresse

Alors merci, réflexion faite
La facilité me tracasse
Le bien parlé reflète la classe
Quand les portes du vide sont ouvertes




C. Laye

(Tous droits réservés)

Nostalgie


Ho amitié profonde, dénudée et vibrante
N'es- tu pas la vertu dont la ferveur est telle
Que même après la mort en restant bien vivante
Tu nous offres un bouquet des pensées les plus belles

J'ai aimé tant de femmes, caressé tant de chiens
Que ma mémoire diffuse confond les souvenirs
Dans la douleur des unes et l'amitié des uns
J'ai gardé dans la gorge un nœud de repentir

Aujourd'hui par ces mots je viens me confesser
Amer et dépourvu de n'avoir pas su faire
En relatant sans cesse mes brûlantes pensées
Un peu plus pour leur dire beaucoup mieux pour leur plaire

J'aimerais je l'avoue libérer ma conscience
Du poids de cette croix bien trop lourde à porter
Non pour pouvoir enfin mériter la confiance
Mais pour guider mon âme vers leur intimité

Isabelle

Isabelle, ma mère disait
Prends garde aux hommes volages
Après mensonges et à jamais
Ils te jetteront après usage

En riant pour masquer sa peine
Ce beau marin plein d’aventures
Repartit pour des terres lointaines
Abandonnant ma déchirure

Les voyageurs, les militaires
Les passagers d’un jour de gloire
Chacun s’en allant faire sa guerre
A couronné mon désespoir

Les aventuriers m’attirent
J’en mœurs de honte et de rage
Mais quand mon corps brûle de désir
Moi non plus je ne suis pas sage


C. Laye

(Tous droits réservés)

GLOIRE A MON AMI JEAN DE VENISE




Alors que je perdais tout espoir d’amitié
Dans un vaste pays ou perçaient des rumeurs
Un jour je rencontrais comme moi l’étranger
Ayant gardé un vide tout au fond de son cœur

Notre lien fut tissé dans le plus grand secret
Par le fil qui relie souvent les incompris
Et sous l’inspiration de propos plus discret
En avons décidé d’aimer nos deux patries

Nous latins qui savons, goûter en abondance
Repas, bons vins, musique et je n’ose le dire
Car la pudeur m’oblige à garder sous silence
L’aveu de dames comblées, dans leur profond soupir

Trêve de plaisanterie, Jean tu es mon ami
Et je me joins à ceux qui t’honorent en ce jour
Heureux et bien-pensant en cet instant béni
D’ouvrir en grand nos âmes et t’offrir notre amour

La révolte d’une Blonde



On prétend dans certains milieux
Que les blondes sont sans cervelle
Et que pour comprendre mieux
Elles ont souvent recours au ciel
En implorant l’âme des dieux
Pour que jaillisse une étincelle

Cette remarque est inutile
Et ce dicton nullement fondé
Quand je vois sous le minois fragile
Les cheveux de ma dulcinée
Plus noirs que le scrupule fébrile
D’un éditeur subventionné

Elle croit que j’ai du talent
C’est faux les grands me rejettent
Elle dit que je suis trop mordant
Je ne sais pas faire de courbettes
Abaisse-toi, répond-elle en riant
Lèche leur la main comme les soubrettes

La sodomie n’est pas ma chose
Et j’écrirai sans faire la quête
Aux diffuseurs de triste prose
Avec mon chien en tête-à-tête
Les gens d’honneur plaideront ma cause
Notre amitié sera discrète

Ma douce à des larmes plein les yeux
Et sa clairvoyance se révèle
Alors elle veut incendier ces lieux
Ou décident les polichinelles
De nouveau elle implore les cieux
Pour que jaillisse une étincelle !

DES SAPINS ET DES FLEURS

Alors que je cherchais un moment de détente
Pour échapper aux bruits de multiples rumeurs
Un écrin de sapins sur un tapis de fleurs
Interpella mon ame du but de mon attente

Ce fut un grand plaisir en tant qu’admirateur
De m’informer du lieu a l’humeur si galante
Dans cet endroit monsieur ou la nature enchante
vous êtes arrivé au cœur de Saint-Sauveur

Au pied des Laurentides quand déjà apparaît
L’image des montagnes si chères aux randonneurs
Mon chien et moi allons, guidés par quelques haies
Retrouver le chemin d’agréables senteurs

Traversant les vallons bordés de pommeraies
Nous marchons en silence, nonchalants et rêveurs
Réunis par la sangle tenant lieu de harnais
Nous communions nos êtres d’un instant de bonheur





C. Laye

(Tous droits réservés)

Le drame d’une sincère amitié


Ne me regarde pas ainsi
Tu vas torturer ma conscience
Je ne trahis pas un ami
Je me demande à quoi tu penses

Ne me regarde pas ainsi
Ne lèche pas ma main sans raison
N’ajoute pas a tous mes soucis
Les remords d’un geste sans passion

Ne me regarde pas ainsi
On a sonné l’instant du drame
C’est l’heure de ton euthanasie
Je n’ai plus de cœur et plus d’âme

Ne me regardez pas ainsi
Vos paroles sont sans importance
Je sais que la mort c’est la vie
Excusez mon indifférence

Ne me regardez pas ainsi
Seul je veux ronger mon chagrin
Je vais honorer un ami
Laissez moi pleurer sur mon chien



C. Laye

(Tous droits réservés)

Cœur d’artichaut amer






L’artichaut effeuillé a mis son cœur a nu
Pour ne pas décevoir ce fugitif amour.
Des plaies mal refermées trahiraient l’inconnu
Avant qu’il ne reparte sans espoir de retour



Est-ce d’avoir trop bu le poison du désir
Si cher aux écorchés du manque de tendresse
Qu’un voyageur pressé veut pleinement pétrir
L’instant volé au temps d’une brève caresse



Est-ce d’avoir connu les intimes plaisirs
D’une belle Psyché offerts jusqu'à l’ivresse
Qu’un repenti recherche sans pouvoir saisir
L’impossible recours d’une folle jeunesse



Désespéré et nu avant qu’on ne traverse
Par le destin forcé, bien de longues détresses
En effeuillant sa vie on gaspille sa mort
De ne pouvoir léguer ni amour ni trésor



Ne me consolez pas et laisser moi vibrer
Des intenses brûlures de mon cœur lacéré
Tant pis si dans le noir je m’endors en pleurant
Pour avoir succombé aux délits enivrants.



C. Laye

(Tous droits réservés)

Blanche est une femme sans mystère
Et certain de taire les cancans
Nous ne seront jamais amants
Car nous voulons rester sincères

Nous rions pour n’en pas pleurer
Par de longues missives échangées
De notre belle époque immergée
Sous les bêtises et simagrées

Nous nous moquons sans coup férir
Des mal vêtus des sans culottes
Des idiots qui ont le droit de vote
En restant droits et sans gémir

Aussi de ceux qui, rois et maîtres
Dans les spectacles de la misère
Toujours présents mais peu sincères
Viennent s’étaler pour en renaître

Nous épluchons et là c’est pire
Les faux-semblants qui nous amusent
Les complaisants qui nous abusent
Et les jaloux qui nous déchirent

Car mon copain a du talent
Dans ses aquarelles et peintures
Dans la nature de l’écriture
Son art est étincelant.

Alors je confie à mon chien
Qu’avec lui j’ai un autre copain
N’étant pas jaloux mais taquin
Il accepte en bon ange gardien

Réciprocité

Quand j’ai du vague à l’âme !
J’ai besoin d’éclater
J’aimerais me venger
Du goût amer des larmes

J’ai choisi pour ce faire
Venir te commenter
A toi Blanche sincère
Mes vrais réalités

A quoi sert de jongler ?
Avec des mots profonds
Quand les snobs bouffons
Font fi des vérités

Mon chien et toi avez
N’en soit pas offusquée
Un point commun privé
Dans mon cœur embusqué

L’oreiller n’étant pas
La seule façon d’aimer
Mon ami à poil ras
Et toi chère éstimée
Comprenez cet emblème
De générosité

Aimons ceux qui nous aiment
Il est là mon secret

Claude Laye

Les Manipulateurs

Les manipulateurs
Vous font croire qu’il faut croire
Que la clé du bonheur
Est l’outil de leur gloire

Ils vous ouvrent la porte
Du rêve tant espéré
Vous prient et vous exhortent
De leur parole sacrée

Les jaloux, les perdants
Et les désespérés
S’engouffrent dans les rangs
Des naïfs égarés

Les menteurs, diffuseurs
Vous imposent leurs bobards
Pour mieux cacher leur peur
Et libérer leur tare

Le monde est ainsi fait
Qu’il faut vaincre ou mourir
Si vous voulez la paix
Ne jouez-pas les martyrs

Restez seul, courageux
Riez de vos malheurs
N’écoutez pas les gueux
Et respectez l’honneur.


Claude Laye

(Tous droits réservés)

LE LIBERTAIRE

Les hommes sont égaux en droit tout simplement
Ils ne sont ni semblables ni doués des mêmes talents
Généreux sont les uns et d’autres trop prudents
Les plus osés s’affirment individuellement
Sans pour autant se plaindre de leur environnement
Et rejeter la faute pour rester des perdants

Les richesses s’acquièrent, le capital se gère
Je ne crois aux prophètes d’impalpables horizons
Ni aux profanateurs de vérités sincères
Afin que leur bassesse justifie la raison
Ils prêchent le partage mais n’offre que chimères
En s’associant parfois aux pires trahisons

Les chipies qui se donnent en exhibant la chose
Pour mieux goûter aux membres de toutes les sociétés
Les morveux qui se droguent pour cacher leur névrose
Se roulant dans la fange de leur médiocrité
Entraînés dans la foule ou plus rien ne s’oppose
Sont les futures esclaves d’un monde décapité

Je hais tous ces criards et ces faux révoltés
Qui recherchent dans la hargne une douce volupté
Complexés de n’avoir jamais participé
A la vraie guerre des nerfs de l’animal traqué
Je suis un libertaire frère du loup solitaire
Imperméable aux ondes des prêcheurs arbitraires


C. LAYE (Tous droits réservés)